Kurzcharakterisierung:Die handgeschriebene Haggada Comites Latentes 69 wurde 1756 in Wien geschaffen. Sie ist mit schwarzer Tinte verziert und imitiert meisterhaft den Kupferstich. Autor ist der berühmte Schreiber und Illustrator Simmel ben Moses aus Polna (aktiv zwischen 1714 und 1756), der gegen dreissig datierte und heute erhaltene Handschriften produzierte, wovon jedoch nur 17, inklusive CL 69, Autographe sind. Seine Kunstwerke gehören zu den bemerkenswertesten Beispielen der Dekoration hebräischer Handschriften im Zentraleuropa des 18. Jahrhunderts. Das Hohelied Salomons, von späteren Händen kopiert, bildet den Abschluss dieser grossartigen Handschrift.(iss)
Genève, Bibliothèque de Genève, Comites Latentes 69
Justine Isserles (collaboratrice scientifique, Bibliothèque de Genève), 2017.
Handschriftentitel: « Ordre de la Haggadah de Pessaḥ avec des descriptions importantes des signes et des miracles que le Saint Béni Soit-Il a fait pour nos Pères. » (סדר הגדה של פסח בציורים נאים מהאותות והמופתים שעשה הקב''ה לאבותינו)
Entstehungsort: Unité textuelle 1 : Vienne (ווין)
Entstehungszeiten:
Unité textuelle 1 : 1756 (ה'פ'ל'א'ת' בפסח לפ''ק) La date selon le calendrier grégorien de 1756 a été calculée de la manière suivante : 400 + 1 + 30 + 80 + 5 = 516 (ת + א + ל + פ + ה) selon le petit compte (sans l’indication du 5e millénaire), équivalant à 1756 en date grégorienne.
Unité textuelle 2 : XVIIIe-XIXe siècle
Frühere Signatur:
8° 5837
Beschreibstoff: Unité textuelle 1 : Vélin (ff. 1r-32v)
Unité textuelle 2 : Papier filigrané. Filigrane en forme de huchet (ff. 33r-82v)
Umfang:
II + 82 + I
Format: 150 x 110-117 mm
Seitennummerierung: Foliotation en chiffres arabes au crayon gris dans le coin supérieur gauche des folios.
Lagenstruktur: Unité textuelle 1 : 8 cahiers composés de: 2 ternions : I-II (1r-5v, dont 1 talon et 6r-9v, dont 2 talons) ; 1 quaternion : III (10r-14v, dont 3 talons) ; 1 binion : IV (15r-17v, dont 1 talon) ; 1 ternion : V (18r-22v, dont 1 talon) ; 2 binions VI-VII (23r-25v, dont 1 talon et 26r-28v, dont 1 talon) ; 1 ternion VIII (29r-32v, dont 2 talons). Unité textuelle 2 : 8 cahiers composés de : 1 quaternion : I (33r-40v) ; 1 folio : II (41r-41v) ; 1 ternion : III (42r-46v, dont 1 talon) ; 1 quinion IV (47r-56v) ; 1 ternion : V (57r-62v) ; 1 quaternion : VI (63r-70v) ; 1 binion : VII (71r-74v) ; 1 quaternion : VIII (75r-82v).
Zustand: Reliure bien conservée, mais le manuscrit ne tient plus qu’à une couture attachée à la contregarde au début du volume. La première unité textuelle composée de la haggadah (ff. 1r-32v) est bien conservée dans l’ensemble sur le plan esthétique (écriture et illustrations à l’encre), hormis quelques folios tachés de vin (ff. 10r, 10v, 11r, 11v, 15v, 16r) et de nourriture (ff. 16v, 17r, 17v, 18r) et autres taches diverses mineures. En revanche, au niveau du contenu, de grandes sections de texte manquent, observables grâce aux nombreux talons dans le compte des cahiers.
La deuxième unité textuelle (ff. 33r-82v), comporte un texte postérieur (ff. 39r-42r) bien conservé.
Seiteneinrichtung:
Traces de piqûres visibles dans les deux unités textuelles.
Unité textuelle 1 : Traces de pointe sèche.
Unité textuelle 2 : Traces de mine de plomb.
Unité textuelle 1 : 44 lignes tracées pour un nombre variable de lignes écrites ; entre 13 et 22 lignes par page. Texte en pleine page écrit dans un double encadrement d’or.
Unité textuelle 2 : 52 lignes tracées pour un nombre variable de lignes écrites ; entre 23 et 26 lignes par page. Texte en pleine page.
Schrift und Hände:
Unité textuelle 1 : Deux types d’écriture : une écriture carrée dans un module grand et moyen (hébreu) et une seconde écriture semi-cursive de petit module pour de l’hébreu au folio 6r et en yiddish sur de nombreux folios, entièrement vocalisée. 1 main.
Unité textuelle 2 : Un module moyen et petit dans une écriture carrée et un petit module d’écriture semi-cursive, partiellement vocalisée. 3 mains.
Buchschmuck:
Cette haggadah comporte un riche programme iconographique, composé d’une page de titre, d’initiales (3) et de panneaux de mots initiaux décorés (2), ainsi que des scènes historiées sous forme de petits carrés (au nombre de 6 et 9 plus un petit rectangle), de petits rectangles (2) et de grands rectangles (14).
La décoration est entièrement à l’encre noire et grise, rehaussée d’encre de couleur noire. Elle imite les gravures sur cuivre des ouvrages imprimés. Les costumes sont d’un style éclectique, à la fois contemporains de la production du manuscrit (ff. 4v, 6r, 16v), et antiquisants, parfois de style romain (armures ff. 6r, 12r).
Description brève de la décoration par ordre croissant:
Initiales :
f. 2r : initiale historiée constituée de la lettre ב en or avec, en fond, une image d’un homme faisant le bediqat ḥamets (vérification qu’il ne reste plus de ḥamets (levain) dans la maison la veille de Pessaḥ).
f. 3v : initiale ב en or avec un fond à motif de briques.
f. 16r : initiale ב en or avec comme fond un dessin figuratif d’une amphore débordant de grappes de raisin et de leur feuillage.
Panneaux de mots initiaux :
f. 4r : mot initial keha (כהא) à l’encre avec un encadrement partiel, où les lettres ont été dessinées comme un textile avec de nombreux plis.
f. 5r : mot initial constitué de quatre encadrements en or pour chacune des quatre lettres en or du mot barukh (ברוך), qui ont toutes un fond à rinceaux floraux complexes.
1er rectangle : deux lions rampants de part et d’autre d’un écusson ovale, encadré d’un motif végétal fleurdelisé dans sa partie supérieure, dans lequel est écrit le mot ḥakham (חכם).
2e rectangle : aigle bicéphale, au sein duquel se trouve un écusson décoré d’un motif à briques.
Les scènes historiées ci-dessous sont décrites brièvement en hébreu ou en yiddish au-dessus ou en dessous de chaque illustration. Les dessins sont divisés en scènes de type rituel, illustrant le Seder de Pessaḥ (ff. 2v, 4v, 6r, 16v, 29r) et de type biblique ou midrashique (ff. 7r, 9r, 10r, 10v, 11r, 12r, 13r, 14r, 21v, 23v, 26v).
Série de six petits carrés historiés :
f. 2v : illustration des étapes du Seder de Pessah. Chaque carré comporte une image de quatre ou cinq hommes en costumes du XVIIIe siècle autour d’une table.
Série de neuf carrés plus un petit rectangle historiés :
f. 10v : chaque carré illustre une des Dix Plaies, à savoir : du sang, des grenouilles, la vermine, des bêtes sauvages, la pestilence, les pustules, la grêle, les sauterelles, l’obscurité. La dixième Plaie, la mort des premiers nés, s’étend en rectangle sur la longueur inférieure de l’encadrement.
Grands rectangles historiés :
Chaque scène est décrite brièvement en yiddish, sauf au folio 6r.
f. 4v : Scène de Seder pascal, où des hommes à table entourent un rabbin chapeauté, assis à la tête de la table, qui raconte la Sortie d’Egypte. Des serviteurs s’affairent au service au centre de la scène d’intérieur (scène décrite en hébreu). Cette image représente les Sages de Bnei Brak discutant du récit de l’Exode toute la nuit.
f. 6r : Image des quatre fils, en plein air, avec quelques maisons dans l’arrière-plan. Le fils sage, illustré comme un rabbin ; le fils mauvais habillé comme un soldat ; le fils simple, tel un paysan, et le fils qui ne sait pas poser de questions est représenté comme un enfant tenant un abaque (scène décrite en hébreu).
f. 7r : Dans un paysage ponctué de maisons, d’un pont et d’une ville à l’arrière-plan à droite, se situe un autel sur une colline lointaine, duquel se dégage de la fumée et où des personnes sont agenouillées et prient. Au premier plan, un homme agenouillé casse des statues avec un marteau. Cette image représente Abraham cassant les idoles de son père Teraḥ (Bereshit Rabbah 38 : 13 sur Gn. 11 : 28)
f. 9r : Construction des villes de Pitom et Ramsès (Ex. 1 : 11)
f. 10r : Scène de gauche : Moïse parlant à Pharaon, lui demandant de laisser partir son peuple (Ex. 7 : 10). Scène de droite : Pharaon demandant à ses magiciens de transformer leurs verges en serpent, comme celui d’Aaron (Ex. 7 : 11).
f. 11r : Pharaon à table dans son palais infesté de grenouilles (Ex. 8 : 2) et à l’arrière-plan des animaux sont couchés à terre, dont un chameau, à cause de la peste des animaux (Ex. 9 : 3).
f. 12r : Moïse étendant sa main pour séparer la mer et faire passer les Hébreux (Ex. 14 : 21) ; le Pharaon en habit militaire romain, suivi des Egyptiens qui se noient dans la mer (Ex. 14 : 26).
f. 13r : Moïse recevant les tables de la Loi au Mont Sinaï dans une nuée de feu au centre de l’image. Les Hébreux regardent la scène de leur campement.
f. 14r : Paysage fluvial avec un château et un pont à l’arrière-plan, illustrant la mort des garçons Hébreux nouveaux- nés (Ex. 1 : 22), flottant dans le Nil, où des femmes tentent de les récupérer. Au premier plan à droite, la fille de Pharaon fait sortir Moïse de son panier par une servante qui le tient dans ses bras (Ex. 2 : 5).
f. 16v : Scène d’intérieur surplombant une scène fluviale avec pont, bateau et ville à l’arrière-plan. Cette scène illustre la consommation du Qorban Pessaḥ (sacrifice pascal).
f. 21v : Scène dans un temple où le roi David est agenouillé, priant devant son Livre des Psaumes et recevant le Ruaḥ ha-Qodesh (prophétie).
f. 23v : Les Hébreux traversant différents pays lors de leurs tribulations de quarante ans, illustrés ici marchant à travers des villes situées à l’arrière-plan.
f. 26v : Scène où trois anges viennent visiter Abraham, alors que Sarah se cache (Gn. 18 : 2).
f. 29r : Représentation imaginaire de la ville de Jérusalem avec son temple reconstruit en son centre.
Page de titre :
f. 1r : panneau vertical entouré d’un double filet d’or, dans lequel se situe une illustration sur trois niveaux : la partie supérieure comporte deux lions rampants sur deux piliers de part et d’autre d’un écusson ovale entouré de rinceaux végétaux qui contient une couronne et un récipient. Dans la partie médiane on voit Moïse et Aaron, derrière les piliers, de part et d’autre du panneau central avec le titre de l’ouvrage. Finalement, dans la partie inférieure, les rois Saul et David sont assis de part et d’autre d’un socle contenant la date de la haggadah.
Le contexte stylistique de la haggadah Comites Latentes 69:
La haggadah CL 69 est une oeuvre produite dans le style de l’Ecole des manuscrits hébreux décorés du XVIIIe siècle de Hambourg/Altona. Elle possède un programme iconographique clairement inspiré des illustrations de la Haggadah d’Amsterdam (1695), la première du genre à utiliser la gravure sur cuivre plutôt que la xylographie. Par ailleurs, les compositions historiées des gravures sur cuivre de la Haggadah d’Amsterdam sont elles-mêmes inspirées d’images bibliques tirées des Icones biblicae dans l’oeuvre de Mattheus Merian l’Ancien de Bâle (1593-1650), intitulée Historiae Sacrae veteris et Novi Testamenti (Francfort-sur-le-Main, 1625-1630 et Amsterdam c. 1655-1662 et en 1712).
Une autre haggadah qui possède un programme iconographique presque identique au CL 69 est la Haggadah de Hambourg (P. Ms. Heb. 501) de la New York Public Library, manuscrit exécuté par le scribe et illustrateur célèbre Jacob ben Judah Leib Sofer en 1731.
Des variantes mineures différencient ces deux manuscrits l’un de l’autre :
- Peinture dans le style grisaille dans la Haggadah de Hambourg, tandis que les dessins sont à la plume, à l’encre grise et noire dans le CL 69, ressemblant plus à des gravures sur cuivre.
- Deux scènes historiées dans la Haggadah de Hambourg ont une composition différente: la construction des villes de Pitom et Ramsès (CL 69, f. 9r) et l’ouverture de la Mer de Joncs (CL 69, f. 12r).
- Dans le CL 69, Moïse est représenté à trois reprises avec deux faisceaux de lumière sortant de son front (ff. 1r, 10r, 12r) et non des cornes, comme dans la tradition artistique occidentale chrétienne depuis le XIe siècle. Les ‘cornes’ de Moïse sont issues de la traduction de Ex. 34 : 29 par Jérome dans la Vulgate. Ce dernier a traduit qaran comme le nom commun ‘corne’, donnant cornuta, plutôt que d’utiliser le verbe ‘briller’ (qaran), comme c’est le cas dans la version hébraïque de ce verset. Ces faisceaux de lumière sont une représentation iconographique du commentaire de Rashi sur le verset 29 du chapitre 34 du Livre de l’Exode : « … La peau de son visage était devenue rayonnante … » (קרן עור פניו). Rashi commente ces mots en expliquant que le mot qaran (קרן) est une expression signifiant ‘cornes’ (קרנים) car la lumière irradiait et dépassait comme une sorte de corne (לשון קרנים שהאור מבהיק ובלוט כמין קרן). Rashi continue son explication avec un extrait du Midrash Tanḥuma, chapitre 37, lorsqu’il se demande comment Moïse a mérité ses rayons de splendeur. Nos Sages ont dit : « de la caverne quand le Saint Béni Soit-Il a posé ses mains sur son visage comme il est dit : … et je vais te couvrir avec ma main (Ex. 33 : 22) » (ומהיכן זכה משה לקרני ההוד רבותינו אמרו מן המערה שנתן הקב''ה ידו על פניו שנאמר ושכותי כפי).
A titre comparatif, le Moïse sur la page de titre de la Haggadah de Stieglitz, produite à Hambourg/Altona en 1762 par Nethanel ben Aaron Segal, possède des rayons de lumière sortant de son front, encore bien plus longues que celles dans le CL 69.
En revanche, dans la Haggadah de Hambourg, le Moïse de la page de titre ne comporte pas du tout de faisceaux de lumière émergeant de son front, mais plutôt un châle recouvrant sa tête. Celle-ci est par ailleurs dénudée lorsqu’il est présent dans certaines scènes de cette même haggadah. En outre, le Moïse sur la page de titre enluminé de la Braginsky Leipnik Haggadah (Zurich, Braginsky Collection, B317, cat. no 43), également produite à Hambourg/Altona circa 1739 par le célèbre scribe-illustrateur Joseph ben David de Leipnik, est représenté avec un châle recouvrant des petites protubérances de part et d’autre de son front.
Par conséquent, ces quelques exemples de la représentation de Moïse par des dessinateurs et enlumineurs juifs du XVIIIe siècle, confirment qu’il n’y avait pas de tradition iconographique standardisée.
Einband: Reliure en bois recouverte d’argent encadrant les plats supérieurs et inférieurs en écaille de tortue (157 x 120 mm). L’encadrement en argent est fixé par une série de petits clous, visibles sur les plats et le dos. Le dos est composé de trois nerfs en argent, dont les deux entrenerfs sont également en écaille de tortue. Deux fermoirs intacts avec poinçons. Tranche dorée. Deux contregardes en papier sont collées sur les contreplats supérieurs et inférieurs du volume. La contregarde collée au début du volume contient plusieurs chiffres inscrits au crayon (985 TJ, 1756, Lot 127A, CL 69), ainsi qu’une étiquette de la collection des Comites Latentes.
Hauptsprache: Texte en hébreu avec instructions en yiddish (petit et grand module, ex. f. 17v).
Inhaltsangabe:
Structure et symbolique de la cérémonie de Pessah :
La cérémonie du Seder de Pessaḥ est divisée en deux parties ayant des implications temporelles importantes : séparées par le repas pascal symbolisant le temps présent, ces deux sections évoquent respectivement le passé et le futur. Ainsi, le rituel de la haggadah incarne-t-il non seulement une première Rédemption de nature historique, qui a permis la délivrance de l’esclavage et la naissance d’une nation, mais aussi la Rédemption finale et cosmologique à venir.
Un élément fondamental dans la cérémonie de Pessah, qui symbolise bien ces deux rédemptions, réside dans l’injonction de boire quatre coupes de vin rouge pour commémorer le sang peint sur les linteaux des portes la nuit de la dixième plaie (Ex. 12 : 7) et bues à des moments précis de la cérémonie. En outre, au moment où les Dix Plaies sont récitées, une goutte de vin est enlevée du verre, afin de restreindre sa joie face à la souffrance et la mort des Egyptiens. Cet épisode est d’ailleurs visible dans la haggadah CL 69, où les folios 10v-11r sont parsemés de taches de vin; de même que les folios 27v-28r, décrivant le moment où la quatrième et ultime coupe de vin du Seder est versée. Quant aux folios 16v-17r, ils décrivent les différentes bénédictions prononcées sur les mets symboliques précédant le repas de fête et sont imprégnés de diverses taches de nourriture.
Les étapes traditionnelles du Seder sont ajoutées ci-dessous en italique :
ff. 2r-2v : Lois et ordre relatifs à l’annulation du ḥamets (דיני וסדר ביעור חמץ).
f. 3r : Qadesh : Sanctification du vin (קידוש) pour le shabbat et autres jours de la semaine.
f. 3v : Havdalah pour séparer la fin de shabbat et l’entrée de la fête de Pessah (si la fête tombe après un shabbat), puis bénédictions pour Ureḥats (ablution des mains du maître de maison) et Karpas (légume comme le céleri ou le radis trempé dans de l’eau salée).
ff. 4r-16v : Magid : récit de la Sortie d’Egypte. Texte lacunaire à plusieurs endroits (voir composition des cahiers).
ff. 17r : bénédictions du Raḥtsah (ablution des mains des participants), Motsi et Matsah (bénédiction sur le pain azyme appelée matsah), Maror (ḥarosset enroulé dans une herbe amère), Korekh (sandwich de matsah et d’herbe amère), Shulḥan ‘Orekh (repas de fête), Tsafun (consommation de l’Afikoman).
ff. 28r-31v : Nirtsah : fin de la haggadah composée de chants liturgiques, dont certains ont une traduction yiddish en petit module sous le texte hébreu (ff. 29v-31v). En revanche, au folio 29r se trouve un chant liturgique entièrement en yiddish, portant sur la reconstruction du Temple de Jérusalem.
Entstehung der Handschrift:
Le colophon se situe sur la page de titre au folio 1r :
Transcription :
וצורת בית המקדש תוב''ב אכי''ר
כצמח השדה יגדל וירבה
למעלה למעלה הקטן גרשון
בן ה''ה האלוף והקצין הטפסר
פרנס ומנהיג התורני הרר
צבי הירש ברעסלא סגל
מק''ק המבורג- על ידי הכותב
והסופר משולם המכונה זימל ב''הרר
משה מק''ק פאלין בעיר ווין ובאותיות
אמשטרדם
בשנת אומץ גבורתך
ה'פ'ל'א'ת' בפסח לפ''ק
Traduction :
« Et que l’image du Temple (de Jérusalem) soit bâtie et rétablie rapidement et de nos jours, Amen ainsi soit-il. Comme l’herbe des champs, qu’il [le peuple juif] grandisse et augmente. Elevé, élevé, le petit Gershon fils du grand chef et souverain respecté, président communautaire et maître de Torah le rabbin Tsvi Hirsch Breslau Segal de la sainte communauté de Hambourg par l’auteur scribe Meshulam dénommé Zimmel, fils du rabbin Moïse de la sainte communauté polonaise de la ville de Vienne, avec des lettres d’Amsterdam, en l’année de Ta force puissante 516 (1756) à Pessaḥ selon le petit compte. »
Commentaires : Le scribe-illustrateur Meshulam Zimmel, fils du rabbin Moïse : Meshulam Zimmel ben Moïse de Polna (ville en Bohême) s’inscrit dans la lignée des célèbres scribe-illustrateurs contemporains d’Europe centrale, tels que Jacob ben Judah Leib Sofer (mort avant 1728) ou Joseph ben david de Leipnik (actif entre 1731 et 1740), ainsi que son compatriote Aaron Wolf Herlingen de Gewitsch en Moravie (c. 1700-1760). Meshulam Zimmel est actif principalement à Vienne entre 1714 et 1756, d’après la trentaine de manuscrits datés et conservés, mais dont seulement dix-sept, incluant le Comites Latents 69 (ci-après CL 69), sont autographes. Zimmel était connu pour sa technique et sa créativité artistique magistrale, imitant la gravure sur cuivre, et de ce fait, ses oeuvres s’insèrent parmi les exemplaires les plus exceptionnels de la décoration manuscrite hébraïque d’Europe centrale du XVIIIe siècle. A titre comparatif, voir la haggadah miniature autographe produite par ce même scribe-illustrateur à Vienne en 1721, commandée en cadeau de mariage, Jérusalem, Israel Museum, MS 181/059 ou encore un manuscrit de Pereq Shirah, non signé, copié à Vienne en 1719, Zurich, Braginsky Collection, B257.
La production des manuscrits aux Otiyyot Amsterdam (Lettres d’Amsterdam):
Au XVIIIe siècle, de nombreux manuscrits hébreux décorés et produits en Europe centrale et du nord comportaient les mots be-otiyyot Amsterdam, ou avec les Lettres d’Amsterdam en écriture hébraïque carrée au bas de leur page de titre. En effet, la caractéristique principale de la décoration des manuscrits hébreux au XVIIIe siècle est l’imitation des livres hébreux imprimés contemporains et plus particulièrement ceux d’Amsterdam, estimés pour leur supériorité typographique. En outre, ces manuscrits possèdent de riches programmes iconographiques inspirés des gravures sur cuivre dans lesdits ouvrages imprimés. Cependant, la plupart de ces manuscrits étaient produits ailleurs qu’à Amsterdam ; les plus grands centres de production étaient les régions d’Hambourg/Altona, où les manuscrits étaient le plus souvent enluminés, ou encore dans les régions de Vienne et de Bohême/Moravie, où les scribes-illustrateurs s’appliquaient à imiter les gravures sur cuivre des imprimés, telle la haggadah CL 69 par Meshulam Zimmel ben Moïse de Polna.
Hormis une douzaine de rituels de prière subsistant aujourd’hui, les manuscrits produits avec des Lettres d’Amsterdam étaient surtout des livres de petit format, tels que des haggadot, des Livres de Psaumes et autres collections de prières occasionnelles, comme les livrets de bénédictions après les repas et des manuels de circoncision.
A titre d’exemple, voir le Seder Tiqun ha-Mohel (Ordre de prière pour la circoncision) de 1739 par le célèbre scribe et illustrateur Uri Fayvesh ben Isaac Segal, dans le style des manuscrits hébreux du XVIIIe siècle de l’Ecole de Hambourg/Altona (Zurich, Braginsky Collection, B52, cat. no 44).
Provenienz der Handschrift: Manuscrit daté de 1756 de provenance ashkénaze. La reliure en argent comporte les poinçons ‘Ẉ’ (années 1730-40) dans un coeur et un ‘F’ (années 1746-58) de la ville de Wroclaw (Breslau) à l’intérieur de ses fermoirs. Le manuscrit a été déposé à la Bibliothèque de Genève à une date inconnue, postérieurement à la date du 18 décembre 1976.
Erwerb der Handschrift:
Ce manuscrit était autrefois en dépôt à la Jewish National Library à Jérusalem et comporte encore l’ancienne cote 8o 5837, inscrite au crayon gris dans la partie inférieure de la première page de garde au début du volume.
La date d’acquisition du manuscrit par le présent collectionneur est inconnue.
Bibliographie:
Ch. Benjamin, The Stieglitz Collection. Masterpieces of Jewish Art (Jérusalem: The Israel Museum, 1987), no 196.
C. M. Briquet, Les filigranes. Dictionnaire historique des marques du papier dès leur apparition vers 1282 jusqu’en 1600. A Facsimile of the 1907 Edition with Supplementary Material Contributed by a Number of Scholars, Allan Stevenson (éd.) (Amsterdam: The Paper Publications Society, 1968), 4 vol.
Z. Gitay, « The Image of Moses in the Spanish Haggadot », in From Iberia to Diaspora: Studies in Sephardic History and Culture (Leiden: Brill, 1999) pp. 515-525 (part. pp. 519-520).
I. Fishof, Jüdische Buchmalerei in Hamburg und Altona: Zur Geschichte der Illumination hebräischer Handschriften im 18. Jahrhundert (Hambourg: H. Christians, 1999).
M. Heller, The Seventeenth Century Hebrew Book: An Abridged Thesaurus (Leiden: Brill, 2011), vol. 2.
J. Isserles, « De la sortie d’Égypte à la Rédemption finale : analyse de cinq folios tirés du manuscrit Hébreu 1333 de la Bibliothèque nationale de France à Paris », Cahiers Archéologiques, 52, (2005-2008), pp. 145-160.
Les poinçons de garantie internationaux pour l’argent (Paris : Librairie Picard, 2004), p. 43.
R. Mellinkoff, The Horned Moses in Medieval Art and Thought (Berkeley: University of California Press, 1970).
E. G. L. Schrijver; « ‘Be-ôtiyyot Amsterdam’ Eighteenth-century Hebrew Manuscript Production in Central Europe: The case of Jacob ben Judah Leib Shamas », Quaerendo 20 (1990), pp. 24-62.
E. G. L. Schrijver, « The Hebraic Book », in A Companion to the History of the Book, S. Eliot et J. Rose (éd.) (Oxford: Blackwell Publishing, 2007), pp. 153-164 (part. pp. 160-161).
Y. H. Yerushalmi, Haggadah and History: A panorama in facsimile of Five Centuries of the Printed Haggadah from the Collections of Harvard University and the Jewish Theological Seminary of America (Philadelphia: Jewish Publication Society, 1975), planches: 59-62.