Résumé du manuscrit:Membre de la Confrérie des jongleurs et bourgeois d’Arras, Jean Bodel compose sa Chanson des Saisnes (Chanson des Saxons) dans le dernier tiers du XIIe siècle. Ce poème épique en alexandrins raconte la guerre conduite par Charlemagne contre le roi des Saxons Guiteclin. Conservé aujourd’hui dans trois manuscrits (un quatrième a entièrement brûlé dans l’incendie de la bibliothèque de Turin), le texte de la Chanson offre des rédactions variant d’un codex à l’autre. La version longue de la Fondation Martin Bodmer est contenue dans un « manuscrit de jongleur » de petites dimensions. De facture simple, sans miniature, écrit sur un parchemin souvent mal découpé et grossièrement recousu, il a sans doute été exécuté à la fin du XIIIe siècle.(mes)
Description standard: Vielliard Françoise, Manuscrits Français du Moyen Âge, Cologny-Genève, 1975, pp. 32-34.
Voir la description standard
En ligne depuis: 21.12.2009
Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 40
Parchemin · II + 122 + II ff. · 17.6 x 12.4 cm · France · fin du XIIIe siècle
Jean Bodel, Chanson des Saisnes
Comment citer:
Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 40, Plat supérieur – Jean Bodel, Chanson des Saisnes (https://www.e-codices.ch/fr/list/one/fmb/cb-0040)
au fol. 1, l'initiale se prolonge par une bordure rouge et noire.
Ajouts: Du fol. 1 à 15 (écriture du XVIᵉ siècle) notes dans la marge. Dessins (ff. 1, 23v°, 80v°, 65: hommes assis) assez maladroits.
Reliure: Reliure du XVIIIᵉ siècle en veau; dos à cinq nerfs, ornés de petits fers; pièce de titre au dos en maroquin rouge: Roman//des//Saisnes.
Sommaire:
Ff. 1-122v°Jean Bodel: Chanson des Saisnes Début [fol. 1 ]:
Qui d'oïr [e] d'antandre a loisir [e] talant
Face pais, si escout bone chançon vailla[n]t
Don li livre d'estoire s[n]t tesmoi[n]g [e] gara[n]t.
Ja nuls vilai[n]s juglerres de ceste ne se vant,
Qar il n'an sauroit dire ne les vers ne le chant.
Ne s[n]t q[e] .III. matieres a nul home a[n]tanda[n]t:
De F[a]nce [e] de Bretaigne [e] de Rome la g[a]nt, [E] de cez .III. matieres n'i a nule sambla[n]t.
Li [n]te de Bretaigne s[n]t si vai[n e] plaisant,
Cil de Rome s[n]t sage [e] de san ap[e]nant,
Cil de F[a]nce de voir chascun jor ap[r]ant.
La corone de F[a]nce doit estre mise ava[n]t,
Qar tuit autre roi doive[n]t est[e] a lui apanda[n]t
De la loi [t]iene qi an Deu s[n]t creant.
Le p[e]mier roi de F[a]nce fist Dex p[r] so[n] c[m]ma[t]
Coroner a ses ang[e]les dignema[n]t an chanta[n]t,
P[s] le [m]manda estre an t[r]re son sergent,
Tenir droite justice [e] la loi met[e] ava[n]t.
Cest [m]mandemant tindre[n]t ap[ré]s lui li auqa[n]t,
Anseys [e] Pepins, cil furent [n]querant, [E] Charlemaigne d'Aiz, q[e] Dex p[r] ama tant.
Seignor, ceste chançons ne muet pas de fabliax
Mais de cheval[r]ie, d'amors [e] de cembiax.
Cil bastart jugleor qi vo[n]t p[r] ces vilax,
A ces grosses vieles as depe[n]nez forriax,
Chantent de Guiteclin si [m] p[r] asenax;
Mes cil qi plus an set, ses dires n'est pas biax,
Qar il ne sevent mie les riches v[r]s noviax
Ne la chançon rimee q[e] fist Jehanz Bordiax,
Tot si [m] li droiz [n]tes l'an fu diz [e] espiax
Don ancor [t] l'estoire a Sai[n]t Faron a Miax …
… Sa victoire i fist metre, esc[i]re [e] sceler
A beles letres d'or dou meillor d'outrem[r];
Ce fist il q[e] li Saisne si poïssent mirer.
Sovantes foiz avoie[n]t tela[n]t de revel[er.]
Sages fu durem[n]t K[s] l'amp[e]reor
Qant [n]qist tantes t[r]res p[r] force [e] p[r] vigor;
Dotez fu [e] cremuz j[s]q' en Inde major,
G[a]nt treü li randoient souda[n]t [e] aumaçor.
Qant ot fait de Tremoigne so[n] bon [e] so[n] millor, [n]gié p[i]st a S[e] q'il ama p[r] amor.
Antre lui [e] ses homes se s[n]t mis au retor;
Baud[n] son neveu [e] Berart le [n]tor
A[n] fist port[r] o soi an son païs f[a]nçor;
A Aiz a la Chapele, ou s[n]t si ancessor,
Seveli Baud[n] a g[a]nt cri [e] a plor;
Tierri le viel d'Ardene, le noble poigneor,
Fist dou cors de Be[r]t .I. p[e]sant de dolor,
Covant l'ot la duchesse a la fresche color Q[e] mort ou vif randroit le cors au vavassor.
P[i]s fu bie[n] F[a]nce an pais [e] mai[n]t an [e] mai[n]t jor,
Ne t[o]va l'amp[r]es qi li feist iror.
N[t]re chançons des Saisnes fenist a icest tor,
N'en troverez q'a[n] die avant nul jugleor.
Explicit li romanz des Saisnes.
Bibliographie
Francisque Michel, La chanson des Saxons par Jean Bodel publiée pour la première fois… (Romans des douze pairs de France, n° VI), Paris, 2 vol. 1839. [Edition ayant utilisé le manuscrit Bodmer comme manuscrit de base.]
F. Menzel et E. Stengel, Jean Bodels Saxenlied. Teil I. Unter Zugrundelegung der Turiner Handschrift… (Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der romanischen Philologie, XCIX), Marburg, 1906.
E. Stengel, Jean Bodels Saxenlied. Teil II. Unter Beigabe der abweichenden Redaktion der beiden Pariser Handschriften… (Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der romanischen Philologie, C), Marburg, 1909.
Provenance du manuscrit: 1) D'après F. Michel (La chanson des Saxons… pp. XVII-XX), ce manuscrit, dit manuscrit Lacabane, aurait été acquis dans le Quercy par Léon Lacabane au début du XIXᵉ siècle; il passa chez Crozet, puis chez Payne et Foss, de Pall Mall, où il fut acheté par Sir Thomas Phillipps (cf. A. N. L. Munby, The Formation of the Phillipps Library from 1841 to 1872… [Phillipps Studies, n° 4], Cambridge, 1956, p. 184: « Ex Bibl. ignotis »): n° 13555 de sa collection (étiquette rectangulaire au dos de la reliure).
Acquisition du manuscrit: 2) Acquis par Martin Bodmer en juin 1949 chez Goldsmith.
Bibliographie:
Charles Foulon, L'œuvre de Jean Bodel… (Travaux de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Rennes, série 1, vol. 2), Paris, 1958, p. 245.
Jehan Bodel, La Chanson des Saisnes, édition critique par Annette Brasseur, Genève, Librairie Droz S.A., 1989, 2 vol.