Genève, Bibliothèque de Genève, Ms. heb. 8
Titre du manuscrit: Maḥzor (rituel de prière pour Rosh ha-Shana et Yom Kippour selon le rite de la France du nord - Nussaḥ Tsarfat)
Origine: Nord de la France
Période: fin XIIIe - début XIVe siècle
Support: Parchemin de moyenne qualité
Volume:
I + 280 + I
Format: 220 x 148-150 mm
Numérotation des pages:
Composition des cahiers:
- 35 cahiers. Règle de Grégory respectée sauf au cahier II (9r-18v, sénion dont 2 talons au début du cahier).
- Suivant foliotation au crayon: 1 quaternion : I (1r-8v) ; 1 sénion: II (9r-18v) ; 2 quaternions : III-IV (19r-34v) ; 1 binion : V (35r-38v) ; 22 quaternions : VI-XXVII (39r-214v) ; 1 quinion : XVIII (215r-224v) ; 7 quaternions : XXIX-XXXV (225r-280v).
- Réclames : Présence de réclames à la fin de la majorité des cahiers sauf pour les cahiers IV, V, XVI, XVII, XXVI. Les cahiers XI, XIV, XX, XXI, XXIX comportaient des réclames à l’origine, mais ont été rognées. Des traces de lettres (f. 158v) ou de décoration (ff. 86v, 110v, 166v, 232v) sont toutefois visibles.
- Certaines réclames sont surmontées de décorations faites par la main principale I (voir sous copistes) : (ff. 78v, 94v, 102v, 110v, 214v, 224v, 232v, 248v, 256v, 264v, 272v) et d’autres ont été ajoutées par une main postérieure (ff. 18v, 54v, 70v, 142v, 150v, 166v, 174v, 182v, 198v).
Etat: Bonne conservation mis à part quelques taches d’humidité parsemant le manuscrit, et particulièrement dans la marge de tête à la fin du manuscrit. Traces de liquide inconnu au folio 84v.
Mise en page:
Réglure et piqûres: Réglure à l’encre brune pour cahier I (ff. 1r-8v), et réglure à la mine de plomb pour le reste du manuscrit (ff. 9r-280v). Piqûres externes et internes visibles. Les piqûres internes sont visibles par endroits (ex. ff. 17r, 18r, 40v, 41r, etc…)
Justification : 1+1 colonnes. 23 lignes tracées pour 22 lignes écrites. Elongation et rétrécissement des dernières lettres à la fin de la ligne qui débordent parfois au-delà de la justification (ex. ff. 42r, 43r, 64r, 159r, 227v, 271r, 276r), signe graphique à la fin de certaines lignes. Aux folios 31r, 149v, 150r, 160v, 271r, les derniers mots d’une phrase ont été placés à la verticale.
Mise en page et mise en texte: Texte en pleine page. Alinéas rentrants et sortants soumis à l’emplacement des mots initiaux de grand module. Certaines poésies liturgiques ont des mises en textes diverses, où des mots du texte sont renvoyés dans les marges latérales intérieures et extérieures (ex. ff. 231r-232r, 249r).
Justification : 1+1 colonnes. 23 lignes tracées pour 22 lignes écrites. Elongation et rétrécissement des dernières lettres à la fin de la ligne qui débordent parfois au-delà de la justification (ex. ff. 42r, 43r, 64r, 159r, 227v, 271r, 276r), signe graphique à la fin de certaines lignes. Aux folios 31r, 149v, 150r, 160v, 271r, les derniers mots d’une phrase ont été placés à la verticale.
Mise en page et mise en texte: Texte en pleine page. Alinéas rentrants et sortants soumis à l’emplacement des mots initiaux de grand module. Certaines poésies liturgiques ont des mises en textes diverses, où des mots du texte sont renvoyés dans les marges latérales intérieures et extérieures (ex. ff. 231r-232r, 249r).
Type d'écritures et copistes:
- Deux types d’écriture pour les deux scribes principaux :
- Deux mains principales:
- 4 scribes postérieurs ayant écrit du texte sur des pages blanches et des marges du manuscrit:
- Main I postérieure: ff. 35r-36r : écriture semi-cursive ashkénaze, encre brun clair (trait épais)
- Main II postérieure : ff. 36r-38r : écriture semi-cursive ashkénaze, encre brune (trait fin)
- Main III postérieure : f. 135r : écriture carrée ashkénaze, encre brun foncé
- Main IV postérieure : marges de ff. 155v-156r et f. 206v : écriture carrée de la France du nord, encre brune.
- Vocalisation partielle tibérienne (ff. 1r-2r ; 10v-13r ; 15v-22r ; 64v-65v ; 134v-135r).
Décoration: Décorations à la plume à l’encre brun.
Scribe principal (main I) : Il y a 4 types de décoration :
- a. Réclames surmontées de 2 ou 3 lignes verticales ondulées ou de 2 lignes obliques biffées horizontalement (ff. 78v, 94v, 102v, 110v, 214v, 224v, 232v, 248v, 256v, 264v, 272v).
- b. Décoration de rinceaux de type végétal :
- c. Décoration de la numérotation des chapitres par le scribe principal par des lignes ondulées verticales sortant des chiffres et idem pour mettre en évidence des mots dans la marge (f. 249r/v).
- d. Décoration de petites lignes obliques biffées au-dessus de textes explicatifs dans une écriture semi-cursive de petit module insérée entre les prières (ex. ff. 178v, 197r).
Main postérieure non identifiée :
- a. Réclames ont été entourées par des dessins à la plume à l’encre brun :
- ff. 18v, 166v (rogné): réclames entourées par une structure carrée surmontées par une structure en pyramide, le tout entouré et couronné par des motifs de rinceaux végétaux.
- f. 54v, 142v : réclames, desquelles sortent des pieds, le tout entouré et coiffé par des motifs en rinceaux végétaux.
- f. 70v : réclame entourée d’un lion rampant avec une patte avant dressée.
- f. 150v, 182v : réclames desquelles sortent des motifs de rinceaux végétaux.
- f. 174v : hybride à corps d’oiseau et tête humaine dessiné autour de la réclame.
- f. 198v : réclame entourée de rinceaux végétaux et surmonté par une structure pyramidale.
- b. Décoration dessinée d’un rinceau végétal sortant de la dernière lettre du folio 143r qui se prolonge dans la marge de queue.
Ajouts:
Ajouts marginaux de la Main I (scribe principal) :
Oublis : ff. 9r, 19v, 32r, 41v, 45r, 50v, 52v, 55v, 58r, 62r, 70v, 95v, 97v, 98v, 110v, 118r, 118v, 124v, 153v, 173r, 173v, 208r, 214v, 271r.
Ajouts de mains postérieures variées :
Ajouts de mains postérieures variées :
- f. 12r : écriture semi-cursive de tout petit module à l’encre brun clair.
- ff. 16r, 17v, 18r, 19v, 20r, 21r/v, 22v, 55r, 58r, 58v, 59r, 72r: écriture carrée parfois vocalisée, de moyen module à l’encre brun clair. Main du naqdan (vocalisateur/ponctuateur) aux folios 15v-22r.
- f. 17v : écriture semi-cursive de tout petit module à l’encre brune foncé (addition de la prière du Qaddish dans la marge).
- f. 19r : écriture carrée vocalisée de moyen module à l’encre brun foncé.
- f. 39v : écriture semi-cursive de petit module à l’encre brun très foncé.
- ff. 43v, 65v, 73v, 74r/v, 77v, 78v, 79r, 82r, 82v, 83r/v, 84v, 85r, 86r/v, 88v, 94v, 95r, 99v, 100r, 111r, 112r, 113v, 116v, 117r, 118r, 120v, 144r, 156v, 157r, 161v, 166v, 177v, 179r, 180r, 192r, 192v, 208v, 213v, 214r, écriture semi-cursive épaisse de moyen module à l’encre brun clair à brun foncé.
- ff. 45v, 52r, 56v, 57r, 81v, 91v, 92r, 93v, 94r, 98r, 99r, 105r, 111r, 112r, 119v, 120r, 125v, 134r, 139r, 145r/v, 199v, 200r, 200v, 222v, 224r, 245v, 248v, 254r: écriture semi-cursive de moyen module souvent épaisse, mais pas toujours, à l’encre brun clair comportant un signe indiquant l’oubli au-dessus du texte.
- f. 61r : écriture presque cursive de tout petit module à l’encre brun foncé.
- f. 72v, 168r: écriture carré de tout petit module à l’encre brun clair.
- f. 134v, 209r : écriture semi-cursive de tout petit module à l’encre très foncée avec indication de l’oubli dans le texte.
- ff. 134r, 151r, 156r/v: écriture semi-cursive de moyen module à l’encre brun clair dans la marge latérale et de queue du folio.
- ff. 136r, 137r, 140r, 140v, 141r, 142v, 144v, 151v, 152r/v, 153r, 178v, 181v, 193v, 201v, 207v (écriture sur toute la page blanche) : écriture de tout petit à moyen module à l’encre brune très foncée.
- f. 192r : écriture carrée de petit module à l‘encre brune très foncée et fine.
Reliure:
Reliure pleine en daim de couleur vert clair probablement du XVIIIe siècle avec ais en carton, qui a fait l’objet d’une restauration sur le plat supérieur et sur une partie supérieure du dos, sur le premier entrenerf (Une référence sur la reliure et des dimensions de cet ouvrage se trouve dans le Catalogue des manuscrits, daté du XIXe siècle (Arch. BPU Fe 6) : « Preces et Lectiones Judaeorum. 4° velin basane vert-clair. (221 x 150) »). Des parties du dos, des nerfs et de la chasse des ais sont usés et déchirés. Une page de garde et une contregarde en parchemin au début et à la fin du volume. Dos à 4 nerfs. 2e entrenerf contient une étiquette découpée et récupérée de la reliure précédente en cuir brun. Cette étiquette est estampée à chaud d’un encadrement surmonté de pointillés et des mots PRECES & LECTIONES IUDAEORUM en son centre. 3e entrenerf : Une étiquette jaunie au centre du dos, sur laquelle est écrit mh 8 à l’encre bleue et noire. 5e entrenerf : étiquette jaunie dans la partie inférieure du dos, où on trouve les mots imprimés à l’encre noire : Bibliothèque de Genève- MSS. Inventaire 1900, et barrés obliquement au crayon bleu.
Sommaire:
Livre de prières pour les fêtes de Rosh ha-Shana et Yom Kippour (maḥzor) suivant le rite liturgique de la France du nord (Nussaḥ Tsarfat), destiné soit à l’usage personnel ou à un officiant de synagogue (shaliaḥ tsibbur).
Joseph Prijs a indiqué dans son catalogue que les prières entre les folios 1r-34v suivent le même ordre que dans l’édition du Maḥzor Vitry (S. Hurwitz, Mahzor Vitry le-rabbenu Simhah (Berlin : 18931, 19232). Cette affirmation peut être rectifiée en précisant que ce dernier voulait sûrement exprimer que l’ordre des prières trouvé dans le Ms. heb. 8 suit bien le rite de la France du nord, qui diffère quelque peu du rite ashkénaze. Il existe deux genres de maḥzorim. Le premier est un maḥzor de type traditionnel qui peut comporter soit les prières quotidiennes, de Shabbat et des fêtes pour toute l’année, accompagné de piyyutim relatives à celles-ci, soit ne contenir que les prières et piyyutim relatives aux yamim noraim (Nouvel An juif et Yom Kippour), comme c’est le cas pour le Ms. heb. 8 (Voir la liste révisée des manuscrits liturgiques de rite français dans Sirat, « les manuscrits liturgiques des juifs», pp. 335-357).
A titre d’exemple, voici la liste de maḥzorim de type traditionnel : trois de rite français datés du début du XIIIe siècle, conservés à Oxford, Bodleian Library, MS Opp. 679, Opp. 669 et Opp. Add. Fol. 68. Il existe des maḥzorim allemands de type traditionnel, et les plus célèbres d’entre eux sont de taille atlante, produits uniquement pendant le XIIIe siècle dans la vallée du Rhin, et dont les plus connus sont :
- le Maḥzor Michael (Oxford, Bodleian Library, MSS Mich. 617 et Mich. 627, daté 1258),
- le Maḥzor Worms (Jérusalem, Jewish National and University Library, MS Heb.4781/I-II, 1er volume, daté 1272),
- le Maḥzor Laud (Oxford, Bodleian Library, MS Laud Or. 321, daté c.1290),
- le Maḥzor Leipzig (Leizig, University Library, MS V.1102, daté c. 1300), le Maḥzor Double (Dresde, Saechsische Landesbibliothek, MS A 46a et Breslau/ Worclaw, State and University Library, Ms Cod. Or.1),
- le Maḥzor Tripartite (Hungarian Academy of Sciences, Budapest, MS A 384) et British Library, Londres, Add. MS 22413 et Oxford, Bodleian Library, MS Mich. 619, daté c.1320) et
- le Maḥzor Darmstadt (Darmstadt, Hessische Lands-und Hochschulbibliothek, MS Cod. Or.13, daté de 1340). Pour plus d’amples informations sur ces maḥzorim, voir Sed-Rajna, Le Mahzor enluminé et Frojmovic, « Early Ashkenazic Prayer Books»), pp. 45-56.
Or, le Maḥzor Vitry, qui est une des œuvres issues de l’Ecole de Rashi de Troyes (c.1040-1105) (composée par Simḥa ben Samuel de Vitry, mort vers 1105 et un des disciples les plus importants de Rashi), contient, en plus des prières pour toute l’année juive et des poésies liturgiques, un grand nombre de lois enseignées à l’origine par Rashi, liées à la liturgie et à la vie quotidienne du juif, telles que les lois du deuil, du mariage, de la circoncision, de l’abattage rituel, du divorce, de la mezuzah, des tefilin, du talit, etc… De ce fait, le Maḥzor Vitry s’apparente plus à un compendium liturgico-légal, qu’à un maḥzor traditionnel et n’a pas de relation directe avec le Ms. heb. 8, si ce n’est qu’ils suivent tous deux le rite liturgique du nord de la France.
Différents genres de piyyutim contenus dans le Ms heb.8 :
Ofanim : le terme Ofan (forme plurielle Ofanim) désigne un type d’ange appelé comme tel. Ce genre de poésie liturgique porte en revanche sur l’adoration angélique du divin au moment de la récitation des versets d’Is. 6 :3 et d’Ez. 3 :12 et de ce fait les Ofanim sont des adaptations poétiques issues de la littérature des Heikhalot ; voir Dan « The Beginnings of Jewish Mysticism», pp. 290 et 438.
Pizmonim : le terme Pizmon (forme plurielle Pizmonim) est un chant ou mélodie extra-liturgique servant à louer D. mais ne fait pas partie de la prière à proprement parler. Des Pizmonim accompagnent non seulement les prières de l’année liturgiques juive mais aussi les occasions spéciales telles que les mariages ou circoncisions.
Reshuyot : le terme Reshut (forme plurielle Reshuyot) désigne ‘une demande’ ou ‘un prélude’ destiné principalement à l’officiant synagogal pour réciter des piyyutim pour la congrégration par intercession ; voir Encyclopedia Judaica, vol.14, p. 83, s.v. « Reshut ».
Selihot : La Seliḥah fait partie du genre de Qerovah, une forme poétique invoquant la pénitence et la confession et se récite principalement avant la fête de Rosh ha-Shana (Nouvel An juif) et pendant les dix jours séparant Rosh ha-Shana et Yom Kippour (Jour du Grand Pardon). Pour un approfondissement sur ce genre de piyyut, voir Idelsohn, Jewish Liturgy, pp. 41, 43-44 et 346-352 et Elbogen, Jewish Liturgy, pp. 170-173 et 177-183).
Yotserot : Le terme Yotser (forme plurielle Yotserot) est tiré du paragraphe introductif de la prière du Shema : « Yotser or… », traduit par « qui crée de la lumière » ; voir Idelsohn, Jewish Liturgy, p. 41 et Hollender, Piyyut Commentary, pp. 3-4.
Joseph Prijs a indiqué dans son catalogue que les prières entre les folios 1r-34v suivent le même ordre que dans l’édition du Maḥzor Vitry (S. Hurwitz, Mahzor Vitry le-rabbenu Simhah (Berlin : 18931, 19232). Cette affirmation peut être rectifiée en précisant que ce dernier voulait sûrement exprimer que l’ordre des prières trouvé dans le Ms. heb. 8 suit bien le rite de la France du nord, qui diffère quelque peu du rite ashkénaze. Il existe deux genres de maḥzorim. Le premier est un maḥzor de type traditionnel qui peut comporter soit les prières quotidiennes, de Shabbat et des fêtes pour toute l’année, accompagné de piyyutim relatives à celles-ci, soit ne contenir que les prières et piyyutim relatives aux yamim noraim (Nouvel An juif et Yom Kippour), comme c’est le cas pour le Ms. heb. 8 (Voir la liste révisée des manuscrits liturgiques de rite français dans Sirat, « les manuscrits liturgiques des juifs», pp. 335-357).
A titre d’exemple, voici la liste de maḥzorim de type traditionnel : trois de rite français datés du début du XIIIe siècle, conservés à Oxford, Bodleian Library, MS Opp. 679, Opp. 669 et Opp. Add. Fol. 68. Il existe des maḥzorim allemands de type traditionnel, et les plus célèbres d’entre eux sont de taille atlante, produits uniquement pendant le XIIIe siècle dans la vallée du Rhin, et dont les plus connus sont :
- le Maḥzor Michael (Oxford, Bodleian Library, MSS Mich. 617 et Mich. 627, daté 1258),
- le Maḥzor Worms (Jérusalem, Jewish National and University Library, MS Heb.4781/I-II, 1er volume, daté 1272),
- le Maḥzor Laud (Oxford, Bodleian Library, MS Laud Or. 321, daté c.1290),
- le Maḥzor Leipzig (Leizig, University Library, MS V.1102, daté c. 1300), le Maḥzor Double (Dresde, Saechsische Landesbibliothek, MS A 46a et Breslau/ Worclaw, State and University Library, Ms Cod. Or.1),
- le Maḥzor Tripartite (Hungarian Academy of Sciences, Budapest, MS A 384) et British Library, Londres, Add. MS 22413 et Oxford, Bodleian Library, MS Mich. 619, daté c.1320) et
- le Maḥzor Darmstadt (Darmstadt, Hessische Lands-und Hochschulbibliothek, MS Cod. Or.13, daté de 1340). Pour plus d’amples informations sur ces maḥzorim, voir Sed-Rajna, Le Mahzor enluminé et Frojmovic, « Early Ashkenazic Prayer Books»), pp. 45-56.
Or, le Maḥzor Vitry, qui est une des œuvres issues de l’Ecole de Rashi de Troyes (c.1040-1105) (composée par Simḥa ben Samuel de Vitry, mort vers 1105 et un des disciples les plus importants de Rashi), contient, en plus des prières pour toute l’année juive et des poésies liturgiques, un grand nombre de lois enseignées à l’origine par Rashi, liées à la liturgie et à la vie quotidienne du juif, telles que les lois du deuil, du mariage, de la circoncision, de l’abattage rituel, du divorce, de la mezuzah, des tefilin, du talit, etc… De ce fait, le Maḥzor Vitry s’apparente plus à un compendium liturgico-légal, qu’à un maḥzor traditionnel et n’a pas de relation directe avec le Ms. heb. 8, si ce n’est qu’ils suivent tous deux le rite liturgique du nord de la France.
Différents genres de piyyutim contenus dans le Ms heb.8 :
Ofanim : le terme Ofan (forme plurielle Ofanim) désigne un type d’ange appelé comme tel. Ce genre de poésie liturgique porte en revanche sur l’adoration angélique du divin au moment de la récitation des versets d’Is. 6 :3 et d’Ez. 3 :12 et de ce fait les Ofanim sont des adaptations poétiques issues de la littérature des Heikhalot ; voir Dan « The Beginnings of Jewish Mysticism», pp. 290 et 438.
Pizmonim : le terme Pizmon (forme plurielle Pizmonim) est un chant ou mélodie extra-liturgique servant à louer D. mais ne fait pas partie de la prière à proprement parler. Des Pizmonim accompagnent non seulement les prières de l’année liturgiques juive mais aussi les occasions spéciales telles que les mariages ou circoncisions.
Reshuyot : le terme Reshut (forme plurielle Reshuyot) désigne ‘une demande’ ou ‘un prélude’ destiné principalement à l’officiant synagogal pour réciter des piyyutim pour la congrégration par intercession ; voir Encyclopedia Judaica, vol.14, p. 83, s.v. « Reshut ».
Selihot : La Seliḥah fait partie du genre de Qerovah, une forme poétique invoquant la pénitence et la confession et se récite principalement avant la fête de Rosh ha-Shana (Nouvel An juif) et pendant les dix jours séparant Rosh ha-Shana et Yom Kippour (Jour du Grand Pardon). Pour un approfondissement sur ce genre de piyyut, voir Idelsohn, Jewish Liturgy, pp. 41, 43-44 et 346-352 et Elbogen, Jewish Liturgy, pp. 170-173 et 177-183).
Yotserot : Le terme Yotser (forme plurielle Yotserot) est tiré du paragraphe introductif de la prière du Shema : « Yotser or… », traduit par « qui crée de la lumière » ; voir Idelsohn, Jewish Liturgy, p. 41 et Hollender, Piyyut Commentary, pp. 3-4.
-
ff. 1r-34v
:
Bénédictions du matin
puis prières pour Rosh ha-Shana (Shaḥarit, Moussaf avec indications pour Minḥa de Rosh ha-Shana et de Minḥa pour la veille de Yom Kippour).
Colophon comportant le nom du scribe au folio 34v :
אחל קרובץ מראש השנה ומיום כפורים שבח לעשה אורים חזק וניתחזק חיים
« J’ai commencé ce Qerovets de Rosh ha-Shana et de Yom Kippour louange à Celui qui fait les luminaires que l’on soit fort et renforcé Haïm. »
La Qerovah en hébreu est Genre de poésie liturgique mais dont la graphie ici été déformée par l’influence du français ; voir Zunz, Die Synagogale Poesie, p. 65. La Qerovah est une forme poétique invoquant la pénitence et la confession et se récite principalement avant la fête de Rosh ha-Shana (Nouvel An juif) et pendant les dix jours séparant Rosh ha-Shana et Yom Kippour (Jour du Grand Pardon). Les mots לעשה אורים viennent du Ps.136 :7 : לעשה אורים גדלים כי לעולם חסדו qui se traduit par « A Celui qui créa les grands luminaires car Sa grâce est éternelle. »
Le scribe Ḥaïm (חיים) a aussi mis son nom en évidence à quelques endroits dans le texte par des rinceaux végétaux sortant de son nom (ff. 21v, 214v, 247v) ou l’entourant (f. 172v). - ff. 35r-36r : index numéroté des Seliḥot.
- ff. 36r-38r : Lois sur l’abattage rituel (שחיתה) (par mains I et II postérieures).
- f. 38v : page blanche
- ff. 39r-110v : Seliḥot (numérotées entre les folios 53r et 19v de 1/א à 73/עג). Les Selihot contenues dans ce manuscrit ont été identifiées par Joseph Prijs dans son catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque de Genève (voir bibliographie ci-dessous). A côté de chaque début de Seliḥah se trouve un numéro de référence correspondant à une entrée dans le thésaurus de la poésie hébraïque médiévale ; voir Davidson, Thesaurus.
- ff. 111r-134v : Pizmonim (numérotés entre les folios 111r et 134r de 1/א à 36/לו). Ces poésies sont accompagnées d’un numéro de référence dans le catalogue de Joseph Prijs. Voir aussi Davidson, Thesaurus, Utilisation du terme פיזמונים aux folios 266r et 274r.
- ff. 135v-205r : Piyyutim pour Rosh ha-Shana (numérotées entre les folios 135v et 138r de 1/א à 5/ה)
- ff. 205v-206r : pages blanches
- f. 206v : liste des Seliḥot relatifs aux prières de Yom Kippour (par main IV postérieure).
- f. 207r/v : Qol Nidrei , début de l’office du soir de Yom Kippour.
- ff. 208r-242v : Piyyutim (dont Yotserot et Ofanim) à réciter pendant l’office du soir.
- ff. 242v-266v : Indications pour les offices de Shaḥarit et Moussaf (ff. 243v-244r) suivi du début de la Amidah de Moussaf, puis piyyutim (ff. 243r-266v). Ces poésies sont accompagnées d’un numéro de référence dans le catalogue de Joseph Prijs; voir aussi Davidson, Thesaurus.
- ff. 267v-272v : Indications pour la prière de Minḥa de Yom Kippour, suivis de Piyyutim (Reshuyot) Ces poésies sont accompagnées d’un numéro de référence dans le catalogue de Joseph Prijs; voir aussi Davidson, Thesaurus.
- ff. 272v-280v : Neilah, prière de clôture de Yom Kippour , dont des Piyyutim (Seliḥot et Pizmonim).
Provenance du manuscrit: Manuscrit du Nord de la France, suivant un rite idem (Nussaḥ Tsarfat), acquis par Barthelemi Roberti (dates non connues), médecin d’Andrea Doria (1466-1560), condottiere et amiral de Charles Quint (1500-1558).
Notes de possesseurs:
Notes de possesseurs:
- f. 1r : Nom de Barthelemi Roberti (Barth. Roberti).
- f. 280v : Nom de Barthelemi Roberti (Roberti) trois fois sur la page.
- Genève, Bibliothèque de Genève, MS. o. 88, f. 2r : « 1550 et le 8 septe[m]bre je prins ce present libvre en la prise de Mehedia que l’on appelle africa ville de barbarie estant médecin du prince Andre Doria. »
- Genève, Bibliothèque de Genève, Ms. o.18a, f. 262v : « 1550. En le 8 du mois de septe[m]bre le present libvre feust prins en la moscheta quest le temple des mores en l’expugnation de la ville de Afrique ainsi communément nommée du nom de la province estant moi medecin du prince André Doria.-Riberti-. »
Acquisition du manuscrit: Ce manuscrit est entré à la Bibliothèque de Genève entre 1667 et la fin de ce siècle, car il apparaît pour la première fois dans le Catalogue, inventaire des livres de la bibliothèque de Genève, rédigé au milieu du XVIIe siècle (Arch. BPU Dk 3), f. 93r/119r : « Livre de prieres judaiques msc. in 8°. » Il manque des registres d’entrées, dons et achats entre les années 1667 et 1701 [Arch. BPU Dd 1 (1626-1666) et Arch. BPU Dd 2 (1702-1711)]. Par conséquent, les manuscrits hébreux 3, 6, 8, 9, 10, 11, et 12 sont entrés à la Bibliothèque de Genève entre 1667 et la fin du XVIIe siècle.
Écriture au crayon gris sur la contre-garde collée à la fin du volume: Inv. no 1900 et au-dessus, également au crayon gris : mh 8.
Écriture au crayon gris sur la contre-garde collée à la fin du volume: Inv. no 1900 et au-dessus, également au crayon gris : mh 8.
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