Genève, Bibliothèque de Genève, Comites Latentes 278
Titre du manuscrit: כתאב] אל הדאיה [ילא] פראיץ אלקלוב]([Kitab] al-Hidaya [ila] Faraiḍ al-Qulub)
Origine: Oriental
Période: XIIe siècle
Ancienne Cote:
242
Support: Papier non filigrané
Volume:
III + 1 + II
Format: 257 x 170-180 mm (mesuré sans l’onglet)
Numérotation des pages: Pagination en chiffres arabes au crayon gris au milieu de la marge de queue, côté recto ; paginé 1 au côté recto et 2 au côté verso.
Composition des cahiers: Pas de cahiers.
Etat: Fragment assez bien conservé, malgré quelques taches. Marge latérale interne arrachée et collée sur un onglet. Trous de vrillettes au bas du folio. Bords du folio fragiles et légèrement déchirés et froissés. Ecriture effacée par endroit sur les deux côtés du folio.
Mise en page:
Pas de traces visibles de réglure ni de piqûres.
Justification : 21 lignes écrites. Pas de traces de lignes écrites. Rétrécissement de certaines lettres en fin de ligne et emploi d’un trait horizontal pour signe graphique ligne 3, tous deux visible sur le côté recto du folio. Texte en pleine page.
Justification : 21 lignes écrites. Pas de traces de lignes écrites. Rétrécissement de certaines lettres en fin de ligne et emploi d’un trait horizontal pour signe graphique ligne 3, tous deux visible sur le côté recto du folio. Texte en pleine page.
Type d'écritures et copistes:
Ecriture semi-cursive orientale de moyen module non vocalisée. Une main principale.
Ajouts: Correction du texte par des ajouts de mots d’une main postérieure dans les entre-lignes, au-dessus des mots en question :
Côté recto : lignes 11 et 12 et ligne 16 en marge
Côté verso : ligne 16
Côté recto : lignes 11 et 12 et ligne 16 en marge
Côté verso : ligne 16
Reliure:
Reliure pleine moderne en toile rouge, sur ais cartonnés, renfermant le folio monté sur onglet. Pièce de titre collée sur la partie supérieure du dos, sur lequel a été dactylographié le titre lacunaire du livre
אל הדאית פראיץ אלקלוב.
Au bas du dos se trouve une étiquette comportant le chiffre 242, ancienne cote du manuscrit.
Sommaire:
Fragment judéo-arabe de la seconde partie de l’introduction sur la deuxième porte (bab) du Kitab al-Hidaya ila Faraiḍ al-Qulub ou Livre de l’orientation aux devoirs des cœurs par (2nde moitié XIe siècle). Il s’agit de la première œuvre établissant un système d’éthique juive, intitulée Kitab al-Hidaya ila Faraiḍ al-Qulub, Livre de l’orientation aux devoirs des cœurs, qui a été écrite en judéo-arabe par Baḥya ben Joseph Ibn Paquda, rabbin, juge et philosophe de Saragosse, actif pendant la seconde partie du XIe siècle.
Cette œuvre magistrale d’éthique juive s’inspire du mysticisme arabe, en particulier du soufisme, des kalamistes, ainsi que des préceptes néo-platoniciens. Elle est divisée en dix portes, chacune dévouée à un devoir particulier du cœur que le juif pratiquant se doit d’observer s’il veut atteindre la perfection spirituelle. Ces portes sont considérées comme des degrés, qui guident le lecteur dans une étude progressive et mystique, abordant les thèmes suivants : l’affirmation de l’unité divine, la nature divine du monde, le service divin, la confiance en D., la sincérité, l’humilité, la repentance, l’introspection, l’ascétisme et l’amour de D. Une fois traduite en hébreu, cette œuvre aura par la suite, une influence profonde sur la littérature juive piétiste au Moyen Age.
Vers 1160, le célèbre médecin et traducteur, Judah Ibn Tibbon (1120-1190) traduit cette œuvre en hébreu sous le nom de Sefer Ḥovot ha-Levavot. Alors que cette traduction est très diffusée sous forme manuscrite et imprimée, celle de son contemporain, le narbonnais David Kimḥi (1160-1235), n’a pas autant de succès. Le Sefer Ḥovot ha-Levavot a été l’un des premiers livres imprimés à paraître en hébreu (Editio Princeps, Naples, 1489) et son impression se poursuit à ce jour en hébreu, ainsi que dans d’autres langues [Une première traduction en latin, accompagnée du texte arabe, a été imprimée à Constantinople en 1643, puis des traductions en d’autres langues ont suivi, parmi les plus anciennes : en portugais (Amsterdam : 1670) ; en allemand (Amsterdam : 1716, Fürth : 1765, Breslau : 1836, Vienne : 1854-56), en yiddish (Berlin : Yidisher Ferlag, 1922)], soit sous forme parfois abrégée.
En revanche, la tradition manuscrite de cette œuvre en judéo-arabe est bien plus lacunaire car peu de témoins ont survécu à ce jour. Les manuscrits connus et employés pour les deux éditions critiques existantes du Kitab al-Hidaya ila Faraiḍ al-Qulub sont les suivants :
- Oxford, Bodleian Library, MS Poc. 96 (Neubauer cat. n°1225), oriental, 1191.
- Paris, Bibliothèque nationale, MS Hébreu 756, sépharade, XIIIe-XIVe siècle.
La section dans le fragment Comites Latentes 278 (ci-après CL 278) peut être consultée dans deux éditions du texte judéo-arabe. La première est celle de A.S. Yahuda parue chez Brill en 1912, où les manuscrits d’Oxford et de Paris, ainsi que des fragments de l’œuvre en judéo-arabe, conservés à la Bibliothèque nationale de St Petersbourg ont été utilisés comme base de l’édition. La section du fragment CL 278 se situe dans cette édition entre la page 95, ligne 11 et la page 97, ligne 6. La seconde édition, accompagnée de la traduction en hébreu par J. D. Kafih, parue à Jérusalem en 1973, comporte la section du fragment entre les pages 96 et 98. En plus des manuscrits d’Oxford et de Paris, un troisième manuscrit fragmentaire d’origine yéménite, jusqu’alors inconnu, a été employé pour cette édition. Ce manuscrit très ancien a été découvert dans une genizah au Yémen et Kafih suggère qu’il s’agit d’un texte contemporain de l’auteur Baḥya ben Joseph Ibn Paquda, arrivé au Yémen peu de temps après sa rédaction.
Cette œuvre magistrale d’éthique juive s’inspire du mysticisme arabe, en particulier du soufisme, des kalamistes, ainsi que des préceptes néo-platoniciens. Elle est divisée en dix portes, chacune dévouée à un devoir particulier du cœur que le juif pratiquant se doit d’observer s’il veut atteindre la perfection spirituelle. Ces portes sont considérées comme des degrés, qui guident le lecteur dans une étude progressive et mystique, abordant les thèmes suivants : l’affirmation de l’unité divine, la nature divine du monde, le service divin, la confiance en D., la sincérité, l’humilité, la repentance, l’introspection, l’ascétisme et l’amour de D. Une fois traduite en hébreu, cette œuvre aura par la suite, une influence profonde sur la littérature juive piétiste au Moyen Age.
Vers 1160, le célèbre médecin et traducteur, Judah Ibn Tibbon (1120-1190) traduit cette œuvre en hébreu sous le nom de Sefer Ḥovot ha-Levavot. Alors que cette traduction est très diffusée sous forme manuscrite et imprimée, celle de son contemporain, le narbonnais David Kimḥi (1160-1235), n’a pas autant de succès. Le Sefer Ḥovot ha-Levavot a été l’un des premiers livres imprimés à paraître en hébreu (Editio Princeps, Naples, 1489) et son impression se poursuit à ce jour en hébreu, ainsi que dans d’autres langues [Une première traduction en latin, accompagnée du texte arabe, a été imprimée à Constantinople en 1643, puis des traductions en d’autres langues ont suivi, parmi les plus anciennes : en portugais (Amsterdam : 1670) ; en allemand (Amsterdam : 1716, Fürth : 1765, Breslau : 1836, Vienne : 1854-56), en yiddish (Berlin : Yidisher Ferlag, 1922)], soit sous forme parfois abrégée.
En revanche, la tradition manuscrite de cette œuvre en judéo-arabe est bien plus lacunaire car peu de témoins ont survécu à ce jour. Les manuscrits connus et employés pour les deux éditions critiques existantes du Kitab al-Hidaya ila Faraiḍ al-Qulub sont les suivants :
- Oxford, Bodleian Library, MS Poc. 96 (Neubauer cat. n°1225), oriental, 1191.
- Paris, Bibliothèque nationale, MS Hébreu 756, sépharade, XIIIe-XIVe siècle.
La section dans le fragment Comites Latentes 278 (ci-après CL 278) peut être consultée dans deux éditions du texte judéo-arabe. La première est celle de A.S. Yahuda parue chez Brill en 1912, où les manuscrits d’Oxford et de Paris, ainsi que des fragments de l’œuvre en judéo-arabe, conservés à la Bibliothèque nationale de St Petersbourg ont été utilisés comme base de l’édition. La section du fragment CL 278 se situe dans cette édition entre la page 95, ligne 11 et la page 97, ligne 6. La seconde édition, accompagnée de la traduction en hébreu par J. D. Kafih, parue à Jérusalem en 1973, comporte la section du fragment entre les pages 96 et 98. En plus des manuscrits d’Oxford et de Paris, un troisième manuscrit fragmentaire d’origine yéménite, jusqu’alors inconnu, a été employé pour cette édition. Ce manuscrit très ancien a été découvert dans une genizah au Yémen et Kafih suggère qu’il s’agit d’un texte contemporain de l’auteur Baḥya ben Joseph Ibn Paquda, arrivé au Yémen peu de temps après sa rédaction.
Provenance du manuscrit:
- Ce fragment de manuscrit a appartenu à Yehudah Qazin (1708-1783) d’Alep, rabbin et auteur halakhique. Par la suite, il est entré dans la collection des manuscrits de David Salomon Sassoon (1880-1942). Un ex-libris de Sassoon est collé sur le contreplat au début du volume.
- Une note de possesseur inscrite quatre fois sur le folio, trois fois sur le côté recto et une fois au verso, mais dans deux graphies différentes.
Inscriptions marginales aux côtés recto et verso du folio :
[…] הצעיר יהודה קצין le jeune Yehudah Qazin […] .
Le côté verso comporte également des essais de plume dans la marge latérale extérieure et la marge inférieure.
Acquisition du manuscrit:
Lorsque le fragment était encore dans la collection Sassoon, il possédait la cote n° 242, inscrit à la fois dans le coin supérieur de la marge de tête du côté recto et sur une étiquette soulignée d’encre verte, dans le coin supérieur du contreplat au début du volume.
Le fragment été mis en vente à Londres, chez Sotheby’s le 21 juin 1994 (lot 3). Il a été acheté par le présent collectionneur en 1994.
Le fragment été mis en vente à Londres, chez Sotheby’s le 21 juin 1994 (lot 3). Il a été acheté par le présent collectionneur en 1994.
Bibliographie:
- E. Alfonso, Islamic Culture Through Jewish Eyes: Al Andalus from the Tenth to Twelfth Century (Londres: Routledge, 2008).
- Bahya ibn Paquda: Les devoirs des cœurs, traduction française et présentation d'André Chouraqui, préface de Jacques Maritain, (Paris: Bibliophane, 20023).
- Y. Eisenberg, « Reason and Emotion in Duties of the Heart », Daat 7 (1981), pp. 5-35.
- D. Haberman, Duties of the Heart (Jérusalem, New York: Feldheim Publishers, 1996).
- M. Hyamson, Duties of the Heart (Jérusalem: 1962).
- J. Isserles, Catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque de Genève, notices et commentaires (Genève : 2016, revised edition 2021), published online: https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta3485ae1cf4b675b6.
- J. D. Kafih, Torat ḥovot ha-levavot le rabbenu Baḥya ben Yosef ben Paquda zatsal (hébreu) (Jérusalem: Aqiva Yosef, 1973), pp. 8-9.
- J. Kauffmann, Prolegomena zu einer erstmaligen Herausgabe des Kitab al-hidaja 'ila fara'id al-qulub [Hovot ha-levavot] von Bachja ibn Josef ibn Paquda aus dem 'Andalus, nebst einer grösseren Textbeilage, (Frankfurt am Main: 1904).
- M. Mansoor, The Book of Direction to the Duties of the Heart from the Original Arabic Version of Baḥya ben joseph Ibn Paquda’s al-Hidaya ila Faraiḍ al-Qulub (Londres : Routledge et Kegan Paul, 1973) (Ce livre est paru dans une nouvelle édition en 2004, chez The Littman Library of Jewish Civilization, Oxford).
- A. Neubauer, Catalogue of the Hebrew Manuscripts in the Bodleian Library and in the College Libraries of Oxford, including Manuscripts in Other Languages which are Written in Hebrew Characters (Oxford: Clarendon Press, 1886-1906), vol. 1, p. 434.
- B. Richler, Guide to Hebrew Manuscript Collections, Second Revised Edition, (Jérusalem: The Israel Academy of Sciences and Humanities, 2014).
- D. S. Sassoon, Ohel David. Descriptive Catalogue of the Hebrew and Samaritan Manuscripts in the Sassoon Library, London (Oxford: Oxford University Press, 1932), vol. 1, p. 3.
- C. Sirat, A History of Jewish Philosophy in the Middle Ages (Cambridge: University Press et Paris: Editions de la maison des sciences de l’Homme, 1996).
- Sotheby’s catalogue de vente, Seventy-six Highly Important Hebrew and Samaritan Manuscripts from the Library of the Late David Solomon Sassoon, mercredi 21 juin 1994.
- S. Stroumsa. « Saadya and Jewish Kalam », in D.H. Frank et O. Leaman (éd.), The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy (Cambridge: Cambridge University Press, 2003), pp. 71- 90.
- H. A. Wolfson, « The Jewish kalam », The Jewish Quarterly Review, Seventy-Fifth Anniversary Volume 57, pp. 544-573.
- A. S. Yahuda (éd.), Al-Hidaya ila Faraiḍ al Qulub des Bachja ibn Josef ibn Paquda aus Andalusien; im arabischen Urtext zum ersten male nach der Oxforder und Pariser Handschrift sowie den Petersburger Fragmenten (Leiden: E.J. Brill, 1912).