• a) f. 1r-8r (Calendarium), 61r-92v (Missae votivae);
• b) f. 13r-18r (Ordo missae, début des Missae per hebdomadam), 21r (Messe de la Vierge), 93r-119v (Rituale);
• c) f. 18v-20v, 21v-60r (Missae votivae et de sanctis, Lectionarium);
• autres mains: f. 9v-10r (add. XIIe s.), 10v-12r (milieu XIIe s.), 12r/v (Généalogie, idem), 0r/v et 120r/v (fragment IX/Xe s., caroline épaisse); diverses additions des XII, XIII et XIVe s. dans le codex (en particulier les add. d'obit dans le calendrier).

Main a: Initiales simples sur 2 ou 3 lignes alternativement rouges ou vertes, ornées seulement d'un point rouge ou vert ou d'un trait ondulé à l'intérieur des boucles;

mains b et c: Initiales simples rouges, vertes ou noires, ces dernières renforcées de rouge, le plus souvent sur 2 lignes, parfois sur une seule.

Manquent les lettrines de la préface (Vere) et du début du canon (Te igitur) non complétées dans l'Ordo missae (f. 13v et 14r).

• l'écriture situe le ms. vers la fin du XIe s. ou durant la première moitié du suivant. La subsistance de formules gélasiennes, les rituels conservés, le sigle + (est) et les anciennes ligatures (ct, ft), les graphies -ae écrites indifféremment -ae, -œ ou -e, témoignent de son ancienneté. Les obit identifiables ajoutés au calendrier ne remontent guère au-delà de 1100 (23 sept.: O. Boso archiep. [† vers 1090]) et se poursuivent jusqu'en 1222 (12 oct.: O. domnus Bern[ardus] archiep. Tar[entasiensis]...) et même 1233 (1 mars: O. Thomas comes Sabaudie) (cf. Fleury et Million, Calendrier et obituaire p. 442 n. 1). Le ms. est certainement antérieur à 1140, date à laquelle le prieuré est donné aux chanoines réguliers de Saint-Maurice (v. Provenance).
• Le calendrier est celui du Mont-Saint-Michel, avec nombre de saints honorés en Normandie: 9 févr. Ansberti ep.; 18 juin Autberti ep.; 21 juin Leutfredi conf.; 22 juil. Wandregisili abb.; 28 juil. Samsonis ep.; 11 août Taurini ep.; 20 août Philiberti abb.; 24 août Audoeni ep.; 23 sept. Paterni; 11 oct. Melanii ep. (fêté plus fréquemment le 6 nov.); 16 oct. Dedic. s. Michaelis in Tumba, 15 nov. Macuti ep.; de même dans le fragment de sanctoral: (f. 35r) Launomari abb. (19 janv.). L'Ordo missae (f. 13r-16r) se rapproche aussi de la tradition montoise. La mention de S. Loup (27v) et de S. Gilles (29r) dans les Messes votives fait penser selon Amiet au village de Saint-Loup près d'Avranches; cependant la Messe du premier n'étant qu'un décalque de celle de S. Martin (dont un formulaire précède immédiatement) et le second très répandu en cette région, on ne peut l'affirmer avec certitude. Il reste que le modèle suivi est normand. L'écriture, la décoration trop sommaire, les fautes de latin dans les rubriques semblent exclure le scriptorium du Mont-Saint-Michel (cf. Millénaire du Mont-Saint-Michel, t. II, Paris 1967, p. 171-238; M. Deladonde, Manuscrits du Mont-Saint-Michel, Rennes 1981 [Ouest-France] avec bibliogr. p. 26). Mieux vaut penser qu'à partir d'un modèle du Mont-Saint- Michel, le ms. a été copié au prieuré du même nom situé sur une colline près de Moûtiers en Tarentaise, dont les origines sont mal connues (cf. Beaunier-Besse, Abbayes et prieurés de l'ancienne France, t. IX, Ligugé-Paris 1932 [Arch. de la France monastique 36] p. 205; Cottineau II 2003); ce prieuré fut cédé en 1140 aux chanoines de Saint-Maurice (Valais) qui suivaient la Règle de S. Augustin (Gallia christiana, t. XII, Parisiis 1770, Instrumenta 380s n° V; Abbé [F.] Million, Chronique du Mont-Saint-Michel, dit des Cordeliers, à Moûtiers, dans: Recueil des Mémoires et Documents de l'Acad. de la Val d'Isère, Sér. des Mémoires; t. I, Moûtiers 1866, p. 213-289, surtout p. 214s); cette même Règle fut imposée au Chapitre cathédral de Saint-Pierre de Tarentaise par S. Pierre II sous Innocent II, peu après son accession au siège métropolitain de Tarentaise, donc vers 1142- 1143, comme l'affirme une bulle de confirmation d'Eugène III en 1145 et le saint lui-même (cf. Gallia christiana, t. XII, et Instrumenta 381s n° VI-VII; PL 180, 1113-1115; [A. Dimier], Saint Pierre de Tarentaise; Essai historique, par un moine de Tamié, [Poitiers 1935], p.55-57.) Que les obit se rapportent au Chapitre cathédral ou au prieuré du Mont-Saint-Michel, la question est encore ouverte et suppose une étude qui déborde le cadre de l'Iter helveticum. De toutes façons des relations ont existé entre les deux communautés voisines qui suivaient la même observance, mais on ne peut affirmer, comme le fait J. Lovie, que S. Pierre II de Tarentaise ait fait appel aux chanoines du Mont-Saint-Michel pour transformer le Chapitre cathédral en Chapitre régulier, car les sources ne le précisent pas (cf. J. Lovie, Le diocèse de Chambéry, Tarentaise, Maurienne. Paris 1979 [Hist. des diocèses de France 11], p. 31). A fortiori, on ne peut affirmer que le missel fût en usage dans le Chapitre de Moûtiers.
• Par les obit qu'il contient, le ms. fut en usage en Tarentaise dès 1145 et jusqu'à 1233 en tous les cas. Les additions disparaissent dès la moitié du XIIIe s., sauf exceptions (cf. add. des f. 8r/9v et 120r). Par la suite il put être employé comme missel votif ou comme rituel, mais sa composition originale ne pouvait en faire un livre liturgique usuel.